Le JAG, 25 ans de fierté et de sensibilisation

7 juillet 2022, par Maxime Prévost Durand

Article original: https://lecourrier.qc.ca/le-jag-25-ans-de-fierte-et-de-sensibilisationune-grande-fete-avec-safia-nolin/

Le JAG célèbre aujourd’hui son 25e anniversaire de naissance. Né d’une initiative citoyenne, dans un sous-sol de Saint-Liboire, l’organisme communautaire LGBTQ+ rayonne plus que jamais, et ce, autant à Saint-Hyacinthe que partout à travers la Montérégie.

À preuve, le JAG a ouvert deux nouveaux points de service au cours de la dernière année, un à Longueuil et l’autre à Valleyfield, qui sont venus s’ajouter à celui qui existe à Saint-Hyacinthe depuis les débuts.

« Le mandat qui m’a été donné, c’est que le JAG passe d’être un organisme local pour Saint-Hyacinthe et la Montérégie-Est à être LA référence LGBTQ+ en Montérégie, soutient Rafaël Provost, arrivé à la direction générale du JAG il y a un peu plus d’un an. Je suis originaire de Napierville et j’aurais tout donné il y a 12-13 ans pour connaître un organisme comme le JAG. Mon but est que personne en Montérégie ne se dise que ça n’existe pas chez nous [un organisme comme celui-là] et qu’on doit aller à Montréal pour ça. »

S’il jouit d’une portée inégalée présentement, le JAG a dû surmonter plusieurs épreuves pour en arriver là. L’organisme est même passé près de disparaître il y a une dizaine d’années, se souvient Dominique Gauvreau, qui en a été le directeur général de 2011 à 2021.

« Quand je suis arrivé, le JAG était sur le bord de la fermeture. Il y avait plusieurs raisons, mais l’une d’elles était qu’il n’y avait pas beaucoup de choses qui avaient été faites avec l’organisme, donc il y avait des surplus accumulés. Les bailleurs de fonds nous disaient que, si on ne dé- pensait pas, ils allaient arrêter de nous donner des subventions. »

Issu du milieu de la santé et des services sociaux, M. Gauvreau était déjà intervenant avec le JAG, mais il n’avait aucune expérience dans la gestion d’un organisme communautaire. Son dévouement pour la cause l’a amené à « apprendre sur le tas » pour assurer la pérennité du JAG. Au moment de quitter la direction générale, au début 2021, il pouvait dire « mission accomplie ».

LES DÉBUTS

L’organisme a vu le jour en 1997 sous le nom Jeunes adultes gai-e-s de Saint- Hyacinthe. Trois adolescents de la région maskoutaine issus de la diversité sexuelle, Éric St-Pierre, Éric Duchesneau et Mélanie Richer, cherchaient une façon de se réunir avec d’autres jeunes qui vivaient la même réalité qu’eux. La travailleuse sociale du CLSC, Johanne Richer, a créé le lien entre eux et le JAG est né quelques mois plus tard.

Au départ, l’organisme ne couvrait que la région de Saint-Hyacinthe et misait uniquement sur les rencontres de groupe pour les jeunes, mais son offre de services s’est grandement élargie au fil des années. Aujourd’hui, en plus des rencontres individuelles et de groupe pour les personnes de tout âge, des ateliers de sensibilisation et des formations sont notamment proposés dans les écoles et les entreprises.

« Une des cofondatrices, Mélanie Richer, travaille toujours avec le JAG, 25 ans plus tard, souligne Rafaël Provost. Elle faisait partie de ces jeunes qui ne voulaient pas aller à Montréal, parce que ce n’était pas sa réalité, et qui voulaient quelque chose près de chez eux. Elle est de retour avec nous depuis septembre comme intervenante. Elle a étudié là-dedans et elle est revenue avec tout son bagage. »

Afin d’être plus inclusif et de mieux représenter les nouvelles réalités de la communauté LGBTQ+, le JAG n’a conservé que son acronyme puisque ses services ne touchent plus uniquement les personnes gaies et lesbiennes. Depuis quelques années, il s’attarde aux réalités de l’ensemble de la diversité sexuelle et d’identité de genre.

UN RETOUR EN ARRIÈRE?

Dans l’esprit collectif, on tend à croire que l’ouverture face à la communauté LGBTQ+ s’est grandement améliorée au fil des années. Bien que ce soit le cas, un certain retour en arrière est aussi observé, constate le JAG.

« Sur le terrain, j’ai vu une évolution, sauf que je dirais que, dernièrement, il y a un recul. Autant sur les médias sociaux que dans les interventions que le JAG fait dans les écoles, il y a parfois un discours qu’on entendait il y a 20 ans », se désole Dominique Gauvreau.

« Je sens qu’on est encore dans la tolérance [en tant que société], c’est-à-dire que c’est correct tant que ce n’est pas chez nous et tant que ce n’est pas trop, ajoute Rafaël Provost. Il y a plein de belles initiatives, une plus grande visibilité dans les médias et à la télévision, il y a des comités LGBTQ+ dans les écoles, mais c’est comme s’il y avait deux courants en même temps. En allant dans les écoles, on est nous-mêmes encore victimes d’homophobie et de transphobie. On reçoit des appels de menaces tous les deux jours. On a fait une vidéo sur TikTok qui a été vue deux millions de fois et on a reçu 8000 commentaires haineux. Ça avance d’un bord, mais il y a comme quelque chose qui tire de l’autre. »

« Est-ce que la pandémie a exacerbé plusieurs choses? On sait que oui. Mais est-ce que ça a eu un rôle à jouer? Je ne sais pas, réfléchit M. Gauvreau. Ça démontre une chose : un organisme comme le JAG a encore sa place pour sensibiliser. »

Les deux hommes estiment néanmoins qu’il y a globalement une ouverture face à la réalité LGBTQ+ dans la région maskoutaine.

« On se rend compte qu’on a une communauté LGBTQ+ à Saint-Hyacinthe, affirme M. Provost. Pour moi, c’est un indicateur parce que les gens pourraient choisir de vivre ailleurs, mais ils décident de rester ici, donc ça veut dire qu’ils ressentent une certaine ouverture à pouvoir être eux-mêmes dans leur expression et dans qui ils sont. On sent qu’il y a des alliés à différents niveaux, qu’ils soient citoyens ou au niveau politique. »

UNE GRANDE FÊTE AVEC SAFIA NOLIN

Pour célébrer les 25 ans du JAG, un gala se tiendra le vendredi 15 juillet au Jardin Daniel A. Séguin. Question de faire les choses en grand, l’artiste Safia Nolin sera de la fête en offrant une performance dans ce décor magique. Les cofondateurs de l’organisme seront aussi reconnus lors de cette soirée.

Ce gala-spectacle est ouvert à l’ensemble de la population. Des billets sont disponibles au coût de 35 $ et comprennent le souper. Pour toute l’information, il est possible de visiter le www.lejag.org ou d’appeler au 450 774-1349.

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