« Inconcevable » d’annuler le défilé, selon un ancien responsable – La Presse
Article original: La Presse
PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE
Il aurait été « inconcevable » pour l’ancienne administration de Fierté Montréal d’annuler le défilé considéré comme l’évènement phare de leur festival, indique un ancien membre de l’organisation au moment où plusieurs questions restent en suspens quant aux raisons ayant mené à ce revirement inattendu dimanche.
Selon Michel Dorion, une personnalité bien connue du Village gai et ancien responsable du défilé de Fierté Montréal, cet évènement est la pierre angulaire des festivités LGBTQ+dans la métropole.
« Ce n’est pas les spectacles T-Dance, c’est vraiment le défilé qui rassemble toutes les communautés ensemble. Souvent il y a des gens qui viennent que pour ça, pour exprimer qui ils sont », a indiqué, en entrevue, celui qui a également siégé au conseil d’administration de Fierté Montréal.
La Presse rapportait lundi qu’un simple oubli de la part de Fierté Montréal avait mené à l’annulation du défilé. Au moins deux groupes sont formés dans les rues de Montréal en après-midi, quelques heures seulement après l’annonce de l’annulation du défilé. L’un d’eux, mené par un camion orné de banderoles de l’« Afro Pride », est parti de la rue Metcalfe pour se diriger vers le Village en passant dans la rue Sainte-Catherine.
Or, selon Michel Dorion, il s’agit d’une « faute grave » de l’organisation. Il appelle donc à « une réflexion sérieuse au sein de l’équipe d’administration [et] aussi au sein du CA ». « Il y a des gens qui dormaient sur la switch. […] On doit avoir plus de réponses et surtout plus de solutions pour être certain que ça ne se reproduise jamais », tranche-t-il.
La Ville rencontre les responsables
En fin de journée, dimanche, le directeur général de l’organisme, Simon Gamache, a indiqué que certains employés de Fierté Montréal devaient embaucher environ 100 agents d’accueil rémunérés pour permettre la tenue de l’évènement, ce qui n’a pas été fait.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, doit rencontrer lundi après-midi la direction de Fierté Montréal, afin de comprendre ce qui s’est passé. L’élue avait réagi dimanche en faisant part de sa « surprise » et de son « mécontentement » face à l’annulation du défilé.
Selon nos informations, Montréal étudiera la possibilité de célébrer la communauté LGBTQ+autrement cette année. Dans un tweet publié lundi, Mme Plante avait aussi dit s’attendre à « des réponses et un post-mortem », alors que « des questions demeurent autour de l’annulation à la dernière minute ». « C’est ça, ma frustration ce matin, c’est de constater qu’il semble y avoir des décisions qui ont été prises, mais que de notre côté on n’a jamais été informés et ça me déçoit », avait-elle aussi soulevé.
Tout un cortège annulé
Le directeur général de Jeunes adultes gais de la Montérégie, Rafael Provost, était déjà à Montréal, dimanche, quand il a appris la nouvelle. « On avait un cortège d’organisé, on se préparait et on devait être au moins 80 personnes venant de notre région, voire plus.
On avait même une voiture électrique de 14 places, ça faisait des semaines qu’on se préparait. Puis on a appris la nouvelle comme tout le monde, dans les médias.
Rafael Provost, directeur général de Jeunes adultes gais de la Montérégie
À ses yeux, l’annulation d’un tel évènement est pour le moins surprenante, mais surtout, elle appelle à revoir la façon de l’organiser dans le futur. Son groupe a d’ailleurs organisé un « mini-rassemblement » sur la Rive-Sud de Montréal, dimanche, pour compenser l’annulation du défilé.
« Il va falloir qu’on travaille beaucoup plus en équipe, le communautaire et Fierté Montréal, pour que ce ne soit pas juste entre les mains d’un seul organisme. On est une quarantaine d’organismes LGTBQ+au Québec, avec chacun son expertise. Il faut qu’on soit autour de la table. L’effet de gang est toujours plus efficace. Les angles morts, quand on est plusieurs, on les trouve », conclut M. Provost.
Avec Mario Girard, La Presse